lundi 22 octobre 2007

Les Souffrances du Jeune Werther 2 (le retour)

Bon, je mets une autre couv d'une autre édition (pour pas qu'on croie que j'ai des actions chez Gallimard), mais c'est le même livre hein ? On est d'accord, Goethe n'a pas écrit de Werther 2. Vu le succès que ça a eu, il aurait peut-être dû, d'ailleurs. Mais bon, les conseillers marketing n'étant pas à l'époque ce qu'ils sont aujourd'hui, on ne peut pas le lui reprocher. D'ailleurs, quand j'y pense, il aurait eu des petits problèmes techniques pour continuer l'histoire... (J'en dis pas plus parce qu'il faut préserver le suspens ! Ben quoi, il y en a peut-être qui ne connaissent pas la fin ? Oui, je suis naïve si je veux.)

Bref, j'écris surtout pour vous faire part de quelque chose : c'est que je ne pensais pas avoir autant raison dans mon post précédent ! en disant que le contexte de lecture influençait beaucoup la lecture elle-même.

Bon, on va me dire que c'est un truc que tout le monde a découvert depuis belle lurette, mais moi je pensais que quand un livre était émouvant, il était émouvant dans toutes les circonstances, ou que quand un livre était drôle, il était drôle tout le temps.

Et bien j'ai relu Werther toute seule dans le calme de mon petit chez-moi, et je vous assure, ça a été très différent. C'est décidément magnifique, mais cette fois, ça m'a émue. Vraiment émue, jusqu'à en avoir les larmes aux yeux.
Un des passages que je trouve les plus beaux, c'est vers la fin, quand Werther lit à Charlotte la traduction qu'il a faite d'un texte épique. C'est du tragique dans le tragique, c'est grand, c'est noble, c'est fort, c'est sublime.

La première fois que je l'avais lu, j'avais vu que c'était touchant mais ça ne m'avait pas touchée. Et c'est là toute la différence.

La deuxième lecture de ce livre, c'est de toute façon une autre lecture. Encore une évidence, diront certains, mais ceux-là savent aussi que c'est quand on s'en rend compte par soi-même qu'on le comprend vraiment.
Et là, lire une deuxième fois le récit de la déchéance aussi implacable qu'inéluctable d'un homme dont le seul tort est d'aimer, ça ajoute encore au tragique : on sait ce qui l'attend, on sait où il va, on sait où va l'entraîner son tempérament.
En relisant les premières pages, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire "ah oui, tiens ! Il est heureux au début, c'est vrai !"

De Werther on retient avant tout la fin.

Voilà, c'était un petit réajustement que je me devais de faire. Pauvre Goethe, s'il lisait ce que j'écris sur lui...


"13 juillet

Non, je ne me trompe pas ! je lis dans ses yeux noirs le sincère intérêt qu'elle prend à moi et à mon sort. Oui, je sens, et là-dessus je puis m'en rapporter à mon coeur, je sens qu'elle... Oh ! l'oserai-je ? oserai-je prononcer ce mot qui vaut le ciel ?... Elle m'aime !
Elle m'aime ! Combien je me deviens cher à moi-même, combien... j'ose te le dire à toi, tu m'entendras... combien je m'adore depuis qu'elle m'aime !"

"14 décembre

Qu'est-ce mon ami ? Je suis effrayé de moi-même. L'amour que j'ai pour elle n'est-il pas l'amour le plus saint, le plus pur, le plus fraternel ? [...] Charlotte ! Charlotte !... C'est fait de moi !... mes sens se troublent. Depuis huit jours je ne pense plus. Mes yeux sont remplis de larmes. Je ne suis bien nulle part, et je suis bien partout... je ne souhaite rien, ne désire rien. Il vaudrait mieux pour moi que je partisse."

Aucun commentaire: