vendredi 16 novembre 2007

Pourquoi lire les classiques

"Je suis en train de le relire"

Pourquoi lire les classiques
Italo Calvino
Traduction Jean-Paul Manganaro
Seuil, coll. Points, 1996
254 p.

Je continue sur ma lancée de lecture de critiques. Là je m'attaque aux grands.
Je me rends compte en lisant Calvino, qu'il ne suffit pas d'avoir lu un livre et d'en parler pour être "critique". Il faut aussi savoir écrire. Je m'en étais déjà aperçue en lisant les critiques de Sartre (notamment sur Jean Genet) : quand ce qu'on lit tient autant du texte littéraire que de la critique, le message est d'autant plus fort.
Faut-il être écrivain pour être critique ? Peut-être.

Ici : un premier chapitre très court dans lequel, avec un soupçon de didactisme mais beaucoup d'intelligence, Calvino donne ses définitions du "classique".
"Les classiques sont ces livres dont on entend toujours dire : “Je suis en train de le relire...” et jamais : “Je suis en train de le lire...” "
Ou bien : "On appelle classique un livre qui, à l'instar des anciens talismans, se présente comme un équivalent de l'univers."
Ou encore : "Est classique ce qui tend à reléguer l'actualité au rang de rumeur de fond, sans pour autant prétendre éteindre cette rumeur."
Quatorze définitions au total, chacune expliquée, chacune lumineuse.

Viennent ensuite les 31 classiques de Calvino.
Je n'ai lu que les chapitres qui traitaient d'oeuvres que j'avais lues. A savoir, Cyrano de Bergerac (États et Empires de la Lune et du Soleil), Diderot (Jacques le Fataliste), Flaubert (Trois Contes), Tchekhov, Conrad, Quenaud, et Perec (La Vie mode d'emploi).

Articles inégaux en taille, en intérêt, et en analyse.
Le chapitre sur Cyrano est en grande partie consacré à un résumé de l'oeuvre, simplement entrecoupé de citations. Dommage.
Sur Diderot : Calvino voit Kundera comme "l'écrivain contemporain le plus didérotien". Je n'y avais jamais pensé, et maintenant, ça me semble évident ! Ce mélange de roman sentimental, de roman existentiel, de philosophie et d'ironie, c'est exactement ça.
Sur Tchekhov, très bel article. Ça me donne envie de continuer mon incursion dans la littérature russe... Gogol, Gorki... Ça sera pour bientôt.
Et sur Quenaud et Perec : des chapitres beaucoup plus longs, plus fouillés, des analyses en profondeur. Pour Quenaud, sur sa vie, son caractère, ses oeuvres, ses recherches (sur la langue principalement). Pour Perec, sur la structure de La Vie mode d'emploi, la trame mathématique incroyable cachée derrière le texte. Rien d'étonnant puisque l'on sait que Calvino s'est beaucoup intéressé aux travaux et jeux de l'Oulipo.

Mais pour Calvino, les classiques, ce sont aussi les Anciens : Xénophon, Pline, Aristote... que je n'ai jamais lu tout simplement parce que l'idée ne m'en est même pas venue. Pour moi c'étaient des gens qui servaient à ce qu'on ait des textes à traduire en cours de latin. Mais peut-être pas, après tout... j'essaierai, tiens.

Et puis les classiques, ce sont aussi les grands textes qui ne font pas partie de notre culture occidentale. Les Sept Idoles, de Nezâmi, par exemple, classique de la littérature persane. Moins facile d'approche, néanmoins. Selon Calvino, le seul fait d'appartenir à une société monogamique ou polygamique change la structure narrative ; le contexte historique, la trame culturelle changent nos repères. La traduction fait perdre un peu du goût du texte.
But still. A lire.

Et puis, il faut définitivement, définitivement, que je lise Céline. Et Joyce. Définitivement.
Ne serait-ce que pour comprendre les critiques qui en parlent sans arrêt.

Ca nous fait un programme chargé, tout ça...

"L'idéal serait peut-être de percevoir l'actualité comme le bourdonnement de la rue - qui nous avertit, à travers la fenêtre, du trafic automobile et des changements météorologiques - tout en suivant le discours des classiques, qui résonne, clair et structuré, dans la pièce. Mais c'est déjà beaucoup si, pour la plupart, la présence des classiques résonne comme un écho lointain, hors de l'appartement envahi par l'actualité, par la télévision ouverte à plein volume. (...)
Reste que lire les classiques semble en contradiction et avec notre rythme de vie, qui ne connaît plus la lenteur du temps, les respirations de l'otium humaniste, et avec l'éclectisme de notre culture, qui serait bien incapable d'établir une définition du classicisme qui nous soit adaptée."

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne connaissais pas ce livre de Calvino mais au regard des classiques qu'il cite, il me semble tout à fait passionnant. Je pense que par modestie Calvino n'a pas mentionné l'un de ses propres romans, si par une nuit d'hiver un voyageur, qui est vraiment remarquable.
Bonne journée.

Julie a dit…

> Blaps : "si pas une nuit d'hiver un voyageur", j'en ai beaucoup entendu parler, et toujours pas lu...
Mais il remonte dans ma liste des priorités !
Merci d'être passé :)

Anonyme a dit…

Tiens puisque Calvino parle de Kundera, ça me fait penser à L'art du roman. Un essai aussi, sûrement un autre livre qui incite à lire (enfin, je crois...).

Les chapitres sur Queneau et Perec, ça m'intéresse beaucoup, faudra que je le lise ce bouquin ! :-)

Julie a dit…

> Alex : Ah je ne connaissais pas ! Je n'ai lu que des romans de Kundera jusqu'à présent... mais j'aurais pu me douter qu'il avait, lui aussi, réfléchi sur l'acte d'écrire.
Ca m'intéresse ça m'intéresse ! Merci !
(et hop, encore 1 sur ma loooooongue liste de "choses à lire"...)

Anonyme a dit…

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