
"La parole portant une planche"
L'Acte Inconnu
Valère Novarina
Théâtre de la Colline
Mise en scène et peinture ;/span>: Valère Novarina
Avec : Manuel Lelièvre, Claude Merlin, Dominique Pinon, Agnès Sourdillon, Véronique Vella.
En sortant de la salle, j'avais presque le tournis. Tellement de pensées, de noms, de mots, connus et inconnus, réels et imaginaires, drôles, sombres, délirants, profonds.
En sortant de la salle, j'avais presque le tournis. Tellement de pensées, de noms, de mots, connus et inconnus, réels et imaginaires, drôles, sombres, délirants, profonds.
La parole coule, sans aucun obstacle, aucun barrage. On sent que certaines phrases sont riches, lourdes de sens, on aurait presque envie de crier "Pause !" pour avoir le temps de tout comprendre, mais on ne peut pas, la suite arrive, la suite est là, les mots se suivent, ne se ressemblent pas et se ressemblent tout de même.
C'est comme, vous savez, dans certains cours où le prof est génial mais parle trop vite : chaque mot est une révélation, mais on n'a qu'une main et qu'un stylo pour essayer de prendre en notes tout ce qu'on peut. Et on arrive à la fin du cours ravi mais épuisé (et mal à la main). Et bien en sortant de L'Acte Inconnu, j'avais un peu la même impression...
Je crois que je vais acheter le texte de la pièce, et en relisant je vais m'apercevoir de tout ce que je n'ai pas compris sur le coup...
Sous nos yeux, une parodie de l'Histoire de l'Humanité, avec un nombre incroyable de peuples imaginaires de régions imaginaires [edit : après vérification, tous ces peuples ont bel et bien existé, mais seuls les ethnographes en ont déjà entendu parler], qui ont chacun des religions, des coutumes, des rites aussi drôles qu'absurdes. A la sonorité des noms, à la façon dont c'est raconté, on pense forcément aux récits bibliques des débuts de l'Humanité.
Mais il n'y a pas que ça. L'Acte Inconnu n'est pas un récit, mais une multiplication de tableaux, de scènes, de monologues, de duos, d' "actes" dans tous les sens du terme. En filigrane, on perçoit une grande réflexion sur l'acteur, et sur l'acte de jouer.
Après moult gesticulations et virevoltements aussi bien physiques que linguistiques, les 12 acteurs se retrouvent assis à une table en une imitation symbolique de la Cène, jusqu'à la dernière réplique, qui est d'or, et vaut à elle seule le prix de la place...
Rien que pour vous donner une idée de l'esprit du truc, je vous donne les noms des personnages : Le Bonhomme Nihil, La Bonhomme Multiple, Irma Grammatica, Raymond de la Matière, L'Ouvrier du Drame, La Machine à dire beaucoup, Le Chantre, La Dame de pique, Le Valet de carreau, Les Antipersonnes, Le Déséquilibriste, L'Accordéon Souffleur, et onze fois Autrui (j'aime particulièrement ce nom de personnage... Autrui).
Mention spéciale à Dominique Pinon (celui qui joue dans Amélie Poulain le jaloux qui claque des bulles sous la table), très drôle.
Il y a aussi une scène incroyable, une scène d'anthologie, dont tous ceux qui l'ont vue se souviendront : la scène de l'opéra allemand, parodié par un acteur qui joue à lui seul la femme adultère, l'amant qui grimpe à l'échelle, le mari jaloux qui cherche sous le lit, la bonne paniquée, et même le chien qui s'en mêle. Tout ça en chantant dans un allemand de pacotille (et donc incompréhensible). J'ai ri pendant 10 minutes non-stop, et je n'étais pas la seule : toute la salle était hilare. Fabuleux numéro de mime ! (petite pensée au passage pour le mime Marceau, qui faisait des choses d'un grande poésie, et qui nous a quitté il y a quelques jours...)
Bref, allez voir cette pièce, elle ne reste pas longtemps à la Colline ! Et dites-moi ce que vous en avez pensé.
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